
La valeur d’une plaque émaillée ne réside pas dans son absence de défauts, mais dans son intégrité structurelle et la « fraîcheur » de son émail d’origine.
- Un éclat sur le visuel est pénalisant, mais un éclat sur un coin ou un trou de fixation est souvent toléré si la pièce est authentique.
- La présence des oreilles de fixation d’origine et la signature de l’émailleur sont des marqueurs d’authenticité plus importants qu’une surface « parfaite » mais restaurée.
Recommandation : Apprenez à « lire » une plaque par le toucher et l’observation : un émail authentique est froid, présente un relief et une sonorité cristalline que la peinture ne peut imiter.
Pour un collectionneur averti de plaques publicitaires, qu’il s’agisse d’une Chocolat Menier ou d’une Bouillon Kub, l’achat est un rituel. L’œil balaie la surface, traquant non pas la perfection, mais la vérité de la pièce. Beaucoup de guides se contentent de répéter des évidences : la rouille est un problème, les éclats diminuent la valeur. C’est vrai, mais c’est insuffisant. Ce conseil de surface ignore ce qui fait vibrer le vrai passionné : la « fraîcheur » des couleurs, ce lustre vitreux et profond qu’aucune retouche ne peut égaler, et l’intégrité de sa fabrication d’origine. Le marché est inondé de pièces repeintes, de reproductions habiles et de plaques « rognées » pour masquer des bords abîmés.
Mais si la véritable clé n’était pas de chercher une plaque « sans défauts », mais plutôt d’apprendre à diagnostiquer son histoire et son authenticité avec la rigueur d’un expert ? Oubliez la quête de la virginité impossible. L’enjeu est de savoir distinguer un éclat « noble », témoin d’une vie sur un mur d’épicerie, d’une altération qui anéantit la valeur de la pièce. C’est un art qui repose sur des détails que le néophyte ignore : la sensation de froid au toucher, le son cristallin de l’ongle sur l’émail, la présence discrète de la signature de l’émailleur.
Cet article n’est pas une simple liste de défauts. C’est un guide pour affûter votre œil, pour vous apprendre à « sentir » une pièce. Nous allons décortiquer les points de contrôle essentiels, de l’importance capitale des oreilles de fixation à l’art délicat de la conservation, pour vous permettre d’investir avec certitude dans des pièces qui conserveront leur âme et leur valeur.
Cet article détaille les points de contrôle cruciaux pour tout collectionneur exigeant. Le sommaire ci-dessous vous guidera à travers les différentes étapes du diagnostic d’une plaque émaillée ancienne.
Sommaire : Les secrets d’une expertise de plaque émaillée
- Pourquoi les plaques à oreilles de fixation d’origine sont-elles plus prisées ?
- Touche de peinture ou laisser en l’état : quel choix préserve mieux la valeur de revente ?
- Le test du toucher froid et du relief qui ne trompe jamais entre émail et peinture
- Le risque de faire sauter l’émail aux coins lors de l’accrochage au mur
- Comment la signature du fabricant en bas de plaque confirme l’authenticité et la date ?
- Comment stopper la rouille sur une boîte à biscuits ancienne sans effacer le décor ?
- Pourquoi le décor de petit feu permet-il une palette de couleurs plus riche (rose, or) ?
- Quand passer d’une multirisque classique à un contrat « Clou à Clou » pour vos œuvres au mur ?
Pourquoi les plaques à oreilles de fixation d’origine sont-elles plus prisées ?
Pour le collectionneur intransigeant, les oreilles de fixation ne sont pas un détail, elles sont le certificat de naissance structurel de la plaque. Une plaque émaillée était un objet utilitaire, conçu pour être vissé sur un mur de façade ou une devanture. L’absence de ces trous d’origine est un signal d’alarme majeur. Elle suggère deux scénarios, tous deux pénalisants : soit la plaque est une reproduction moderne qui n’a jamais été pensée pour un usage réel, soit, pire encore, elle a été « rognée » sur ses bords pour masquer des éclats ou une corrosion importante. Cette amputation, même si elle donne l’illusion d’une surface plus nette, détruit l’intégrité et l’équilibre visuel de la pièce.
La valeur d’une plaque avec ses oreilles, même si elle présente des éclats ailleurs, sera toujours supérieure à celle d’une plaque rognée. C’est un fait confirmé par les ventes aux enchères. Des études de cas montrent que des plaques avec des défauts notables mais conservant leurs fixations originales atteignent des prix soutenus. Les collectionneurs privilégient l’authenticité de la structure à la perfection cosmétique. Une expertise récente souligne qu’une plaque sans ses trous de fixation d’origine peut subir une moins-value de 30 à 40%, car son authenticité est remise en question. Pour un œil averti, une plaque sans moyen d’accroche est une anomalie historique.
L’observation des oreilles elles-mêmes est riche d’enseignements. L’épaisseur du métal doit être homogène avec le reste de la plaque, et la patine autour des trous doit sembler naturelle, témoignant des décennies passées au contact d’une vis. Une usure irrégulière ou des trous trop nets peuvent trahir un perçage récent, une tentative maladroite de « corriger » une plaque rognée. La présence des oreilles originales est donc le premier rempart contre les faux et les pièces mutilées.
Touche de peinture ou laisser en l’état : quel choix préserve mieux la valeur de revente ?
Le débat est éternel entre les puristes et les partisans de la restauration. Faut-il masquer un éclat disgracieux avec une touche de peinture ou accepter la patine du temps ? Pour le marchand spécialisé, la réponse est sans équivoque : laisser en l’état préserve infiniment mieux la valeur. Une retouche, même réalisée par un professionnel, est une cicatrice qui se voit. Elle tue la « fraîcheur » de l’émail, ce brillant vitreux et cette profondeur que seule la cuisson à haute température peut conférer. La peinture, appliquée à froid, reste en surface. Elle crée une dissonance visuelle et tactile, un point mat sur une surface lustrée, que l’œil d’un connaisseur détecte immédiatement.
La tentation de « réparer » un éclat sur le visage d’un personnage ou au centre d’un logo est compréhensible. Cependant, c’est une erreur stratégique. En voulant cacher un défaut, on introduit un mensonge sur la matière. Une plaque « dans son jus », avec ses blessures d’époque, raconte une histoire authentique. Elle est honnête. Une plaque repeinte est une pièce qui a quelque chose à cacher. Sur le marché, à qualité et rareté égales, une plaque originale avec des éclats se vendra toujours mieux et plus cher qu’une plaque restaurée.
L’illustration ci-dessous met en lumière la différence fondamentale entre une patine authentique et une restauration qui dénature la pièce. Observez la richesse et la complexité de la surface d’origine à gauche, face à l’aspect plat et sans vie de la surface repeinte à droite.

Le choix de la conservation est donc un pari sur l’intelligence du futur acheteur. C’est faire confiance à sa capacité à apprécier l’histoire plutôt que l’illusion de la perfection. La seule intervention acceptable est un nettoyage doux et une stabilisation de la rouille, mais jamais une retouche de couleur. Chaque coup de pinceau est une perte de valeur nette aux yeux de celui qui sait regarder.
Le test du toucher froid et du relief qui ne trompe jamais entre émail et peinture
L’œil peut parfois être trompé par une reproduction de haute qualité ou une restauration habile. Mais vos sens, eux, sont plus difficiles à leurrer. Le diagnostic tactile est une étape fondamentale de l’expertise d’une plaque émaillée, permettant de distinguer sans équivoque l’émail authentique d’une simple tôle peinte. Le premier test est celui de la température. L’émail est une forme de verre fusionné sur du métal ; il possède une inertie thermique élevée. En posant la paume de votre main sur la surface, une plaque authentique vous procurera une sensation de froid distincte et persistante, même dans une pièce tempérée. Une reproduction en tôle peinte, beaucoup moins dense, se réchauffera presque instantanément au contact de votre peau.
Le second test est celui du relief. La technique de l’émaillage par pochoir ou sérigraphie implique la dépose de couches successives de poudres d’émail, chacune suivie d’une cuisson. Ce procédé, qui implique une fixation au four à une température pouvant atteindre plus de 800 degrés Celsius, crée un léger relief. En passant délicatement l’ongle sur le contour des lettres ou des dessins, vous devez sentir un décroché, une arête nette entre les différentes couleurs. Sur une reproduction peinte, la surface est désespérément lisse. Enfin, le test acoustique : tapotez doucement la plaque avec l’ongle. L’émail véritable produira un son clair et cristallin, presque musical. La peinture, elle, produira un son mat et sourd.
Ces tests sensoriels sont des remparts infaillibles contre la contrefaçon. Ils ne nécessitent aucun équipement et reposent uniquement sur votre perception. Pour un diagnostic complet, il est impératif de suivre un protocole rigoureux qui combine ces différentes approches sensorielles et visuelles.
Plan d’action : Votre protocole d’authentification sensorielle
- Test thermique : Posez la main à plat sur la surface. L’émail authentique doit rester froid au toucher, contrairement à une reproduction peinte qui se réchauffe vite.
- Test de relief : Passez délicatement l’ongle sur les contours des lettres et motifs. Un relief caractéristique, absent sur les fausses plaques, doit être perceptible.
- Test acoustique : Tapotez la surface avec l’ongle. Le son doit être cristallin sur l’émail, et mat sur la peinture.
- Examen à la loupe : Observez la structure vitreuse et légèrement imparfaite de l’émail, par opposition à l’aspect plat et uniforme de la peinture moderne.
- Vérification du verso : Inspectez l’arrière de la plaque pour des imperfections d’origine : traces des grilles du four, griffes ou résidus de couleurs, qui sont des signes d’un processus de fabrication artisanal.
Le risque de faire sauter l’émail aux coins lors de l’accrochage au mur
Une plaque émaillée est un objet paradoxal : robuste par sa composition, mais extrêmement fragile face aux tensions et aux chocs. L’émail est du verre, et comme le verre, il ne se plie pas : il casse. Le moment de l’accrochage est sans doute le plus périlleux de la vie d’une plaque. Une erreur de manipulation, une vis trop serrée, et c’est l’éclat assuré, souvent aux points de fixation. C’est un drame pour le collectionneur, car même si un éclat au coin est mieux toléré qu’un éclat central, il reste une dépréciation. La cause la plus fréquente est une méconnaissance des propriétés physiques de l’objet. Il est impératif de visser et non de clouer une plaque.
La règle d’or est de permettre à la plaque de « vivre ». Le métal se dilate et se contracte avec les variations de température. Si les vis sont serrées à fond, cette contrainte naturelle n’a nulle part où aller et se concentre sur le point le plus faible : le bord de l’émail autour du trou de fixation. C’est pourquoi il faut toujours utiliser des vis d’un diamètre légèrement inférieur à celui du trou et, surtout, ne jamais les serrer complètement. L’ajout d’une rondelle en matière souple (nylon, feutre, caoutchouc) entre la tête de la vis et la surface de la plaque est une précaution indispensable. Elle agit comme un amortisseur, répartissant la pression et protégeant l’émail du contact direct avec le métal de la vis.
L’illustration suivante montre le détail d’un montage sécurisé, une technique simple qui prévient la majorité des accidents d’accrochage et préserve l’intégrité de vos pièces les plus précieuses.

Même avec toutes ces précautions, un accident peut survenir. Si un éclat apparaît, la méthode de traitement dépend de sa profondeur. Pour les éclats superficiels, il est souvent préférable de ne rien faire. Pour les éclats plus profonds atteignant le métal, il est possible d’appliquer une peinture émail de retouche avec un pinceau très fin pour stopper l’oxydation, mais cette intervention, si elle n’est pas parfaitement exécutée, peut être plus dommageable esthétiquement que l’éclat lui-même.
Comment la signature du fabricant en bas de plaque confirme l’authenticité et la date ?
Dans le monde de la collection, la signature est une preuve d’origine, un gage de qualité et un indice précieux pour la datation. Pour les plaques émaillées, la mention du fabricant, souvent discrètement apposée en bas de la pièce, remplit exactement ce rôle. Des noms comme Japy, Edmond Jean, ou l’Émaillerie Alsacienne de Strasbourg-Hoenheim (E.A.S.) sont pour le connaisseur des synonymes de qualité et d’authenticité. La présence de l’une de ces signatures est un indicateur extrêmement positif. Son absence, à l’inverse, doit inciter à la plus grande prudence, surtout sur des pièces de grande valeur.
Chaque émailleur avait son propre style, sa propre typographie et parfois ses propres codes couleurs. Comme le soulignent les experts, les plus anciens ateliers français possédaient leurs propres signatures visuelles reconnaissables par les collectionneurs avertis. L’étude de ces signatures permet de dater une plaque avec une relative précision. Par exemple, l’E.A.S., fondée en 1923 par Georges Weill, a produit jusqu’en 1982, offrant une fenêtre de datation claire pour les plus de 10 000 modèles qui sont sortis de ses fours. Une plaque signée « Email Als. Strasbourg » peut ainsi être située dans ce créneau temporel.
Le tableau comparatif suivant recense quelques-uns des principaux émailleurs français et leurs périodes d’activité, un outil indispensable pour tout collectionneur cherchant à authentifier et dater ses pièces. Il est à noter que si les émailleries belges et allemandes dataient souvent leurs plaques, cette pratique était plus rare en France, rendant l’identification de la signature d’autant plus cruciale.
| Émailleur | Signature type | Période d’activité | Particularités |
|---|---|---|---|
| Émaillerie Alsacienne (E.A.S.) | ‘Email Als. Strasbourg’ | 1923-1982 | Fondée en 1923, qualité exceptionnelle reconnue |
| Émaillerie Japy | ‘Email Japy’ ou ‘Japy Beautor’ | 1850-1980 | Parmi les noms les plus connus et recherchés |
| Émaillerie Edmond Jean | ‘Ed. Jean & Cie’ | 1889-1968 | Grands noms reconnus pour la qualité de production |
| Émaillerie Koekelberg | ‘Email Koekelberg Bruxelles’ | 1880-1970 | Émailleur belge mais très présent en France |
| Note : Les émailleries belges et allemandes datent majoritairement leurs plaques. Ce n’est pas le cas des françaises, rendant la datation parfois complexe | |||
Comment stopper la rouille sur une boîte à biscuits ancienne sans effacer le décor ?
Les boîtes à biscuits en tôle lithographiée partagent avec les plaques émaillées une vulnérabilité à la rouille, mais leur traitement exige une délicatesse encore plus grande. Contrairement à l’émail vitrifié, le décor d’une boîte ancienne est une impression fragile. Une intervention trop agressive peut effacer le dessin et anéantir la valeur de l’objet. L’objectif n’est donc pas d’éradiquer la rouille à tout prix, mais de stopper sa progression tout en préservant l’intégrité de la lithographie. La première étape consiste à évaluer le degré de corrosion : une rouille de surface (piqûres) ne se traite pas comme une rouille perforante.
Pour une rouille superficielle, l’utilisation de produits comme le Frameto Stop-Rouille ou même le WD40 peut être envisagée, mais avec une prudence extrême. Il faut appliquer le produit non pas directement sur la boîte, mais sur un chiffon doux ou un coton-tige. Le geste doit être précis, circulaire et localisé uniquement sur les points de rouille, en veillant à ne jamais déborder sur le décor. Le but est d’éliminer les particules d’oxyde sans frotter la couche de couleur ou de vernis. Une méthode alternative plus douce, particulièrement adaptée aux décors fragiles, consiste à créer une pâte avec du blanc d’Espagne et de l’alcool à 90°. Appliquée sur la zone rouillée, on la laisse sécher avant de la retirer en polissant doucement avec un chiffon doux.
Après avoir stoppé l’oxydation, la protection est essentielle. L’application d’une cire microcristalline (comme la Renaissance Wax, utilisée par les musées) crée une barrière protectrice invisible contre l’humidité et la manipulation, tout en ravivant les couleurs sans donner un aspect trop brillant ou artificiel. Cette approche en deux temps – traitement localisé puis protection globale – est la seule qui garantisse la survie à long terme de ces témoins fragiles de notre passé gourmand.
Feuille de route : Sauvegarder une lithographie ancienne
- Diagnostic : Évaluez le type de rouille (superficielle ou perforante) et la fragilité du décor environnant.
- Traitement localisé : Appliquez un produit antirouille (type WD40) avec un coton-tige uniquement sur les points d’oxydation, en évitant le décor.
- Nettoyage doux : Éliminez les résidus de produit et de rouille avec un chiffon propre et sec, sans frotter agressivement.
- Protection : Appliquez une fine couche de cire microcristalline sur toute la surface pour isoler le métal de l’air et de l’humidité.
- Surveillance : Inspectez régulièrement l’objet et stockez-le dans un environnement sec et à température stable pour prévenir toute nouvelle apparition de corrosion.
Pourquoi le décor de petit feu permet-il une palette de couleurs plus riche (rose, or) ?
La richesse chromatique d’une plaque émaillée, et notamment la présence de couleurs délicates comme le rose, le pourpre ou les rehauts d’or, n’est pas le fruit du hasard mais d’une technique spécifique : le décor de « petit feu ». Dans le procédé standard de l’émail « grand feu », les couleurs (oxydes métalliques) sont cuites à très haute température (autour de 800°C), ce qui leur confère une résistance exceptionnelle. Cependant, cette fournaise détruit les pigments les plus fragiles, limitant la palette disponible. Pour obtenir ces teintes précieuses, les émailleurs ont recours à une ou plusieurs cuissons supplémentaires à plus basse température, dites « de petit feu » (environ 600-700°C). Ces couleurs sont appliquées sur un émail déjà vitrifié et fixé.
Cette technique a un coût. Comme le souligne un guide technique, chaque couleur nécessite généralement une cuisson distincte, rendant les plaques polychromes beaucoup plus complexes et onéreuses à produire. Une plaque arborant six couleurs a probablement subi six passages au four, un travail long et risqué. C’est pourquoi la présence de rose, d’or ou de dégradés subtils est souvent un signe de grande qualité et d’une production de prestige. Ces pièces étaient des commandes spéciales ou des éditions de luxe, et leur valeur sur le marché s’en ressent aujourd’hui.
L’exemple le plus parlant est celui des plaques inspirées de l’univers de Tintin, éditées par l’Émaillerie belge. Pour restituer fidèlement la ligne claire et les nuances chromatiques d’Hergé, le recours au petit feu était systématique. Ces pièces, produites en éditions limitées, atteignent des sommets en salles des ventes. Selon une analyse de marché, les grands formats tirés à 99 exemplaires se négocient entre 800 et 3 200 euros, une valorisation directement liée à la complexité de leur fabrication et à la richesse de leur palette. La présence de couleurs « de petit feu » est donc un indice direct d’une plus grande complexité de fabrication et, potentiellement, d’une valeur supérieure.
Comme il faut généralement une cuisson par couleur, les plaques polychromes demandent plus de travail
– Meubliz – Guide technique, Encyclopédie des techniques d’art – Plaques émaillées
À retenir
- L’intégrité prime sur la perfection : Une plaque avec ses oreilles de fixation d’origine, même avec des éclats, a plus de valeur qu’une plaque rognée et « parfaite ».
- La restauration est une dévaluation : Toute retouche de peinture sur l’émail est détectable par un œil expert et diminue la valeur de la pièce. La patine est une plus-value.
- L’authenticité se sent : Le test du toucher (froid), du relief (arêtes nettes) et du son (cristallin) sont des moyens infaillibles pour distinguer le véritable émail d’une imitation peinte.
Quand passer d’une multirisque classique à un contrat « Clou à Clou » pour vos œuvres au mur ?
Le collectionneur passionné voit sa collection s’agrandir et sa valeur augmenter. Vient alors un moment où l’assurance multirisque habitation (MRH) classique, conçue pour des biens de consommation, devient dangereusement inadaptée. Le seuil de bascule vers un contrat spécialisé, dit « Clou à Clou », est atteint lorsque la valeur totale de votre collection dépasse le plafond de garantie des « objets de valeur » de votre contrat MRH, qui se situe généralement entre 5 000 et 15 000 euros. Avec des pièces qui peuvent atteindre des sommets, ce plafond est vite franchi. Une seule plaque La Vache qui Rit par Benjamin Rabier adjugée à 2 800 euros suffit à consommer une part significative de cette garantie.
La différence fondamentale entre les deux contrats ne réside pas seulement dans les plafonds, mais dans la nature même de l’indemnisation. En cas de sinistre, une MRH vous remboursera sur la base de la « valeur vénale », c’est-à-dire la valeur au jour du sinistre, souvent diminuée d’un coefficient de vétusté. Un contrat « Clou à Clou », à l’inverse, fonctionne sur la base de la « valeur agréée ». Cela signifie qu’une expertise est réalisée en amont pour fixer la valeur de chaque pièce. En cas de sinistre, c’est cette valeur, non contestable, qui vous est remboursée. C’est la seule garantie d’une indemnisation juste pour des objets dont la valeur est subjective et fluctuante.
De plus, le contrat « Clou à Clou » tire son nom de sa couverture étendue : il assure l’œuvre non seulement lorsqu’elle est accrochée à votre mur (« clou »), mais aussi lors de ses transports (« à clou »), que ce soit pour une exposition, une vente ou une restauration. Le tableau ci-dessous synthétise les différences cruciales entre les deux types d’assurance, démontrant pourquoi un contrat spécialisé devient indispensable pour tout collectionneur sérieux.
| Critère | Multirisque classique | Contrat ‘Clou à Clou’ |
|---|---|---|
| Plafond de garantie | 5 000 à 15 000€ (objets de valeur) | Illimité selon expertise |
| Valeur d’indemnisation | Valeur vénale dépréciée | Valeur agréée fixée par expert, non contestable après sinistre |
| Transport | Non couvert | Couvert (ventes, expositions) |
| Dépréciation après restauration | Non indemnisée | Indemnisation prévue |
| Expertise requise | Non | Expertise en ‘valeur d’assurance’ par expert agréé indispensable |
Protéger adéquatement votre collection est la dernière étape d’un investissement réussi. Pour mettre en pratique ces conseils et sécuriser la valeur de vos pièces, l’étape suivante consiste à faire réaliser une expertise en valeur d’assurance par un professionnel agréé.