
Pour distinguer une faïence de Rouen d’une copie, l’analyse du décor ne suffit plus ; la clé réside dans des preuves techniques objectives souvent invisibles à l’œil nu.
- Une signature parfaite ou la mention « France » trahit quasi systématiquement une production du XXe siècle.
- La palette de couleurs (rose, or) et sa chimie sont des marqueurs d’époque fiables (petit feu vs grand feu).
Recommandation : Investissez dans une simple lampe UV ; elle révélera impitoyablement les restaurations et les vernis modernes.
Pour le collectionneur passionné de céramiques régionales, la quête de la pièce rare est un plaisir sans cesse renouvelé. Mais elle s’accompagne d’une crainte légitime : celle de confondre une précieuse faïence de Rouen du XVIIIe siècle avec une excellente copie, souvent produite à Desvres un siècle et demi plus tard. L’œil s’habitue, les décors de lambrequins et de cornes d’abondance semblent familiers, et l’on se fie souvent à l’intuition ou à des conseils généraux comme « analyser la signature » ou « chercher les imperfections ». Ces approches, bien que utiles, sont aujourd’hui insuffisantes face à la qualité des imitations du XXe siècle.
La distinction ne relève plus seulement de l’histoire de l’art, mais s’apparente à une véritable expertise technique. La véritable clé pour ne pas se tromper n’est pas tant dans ce que l’on voit au premier regard, mais dans ce que l’on sait chercher : les anachronismes techniques, les indices chimiques des pigments, les traces de restaurations invisibles et les marques imposées par le contexte historique et légal de chaque époque. L’authentification devient alors moins une affaire de « goût » que de méthode, transformant le collectionneur en un enquêteur averti.
Cet article vous propose de dépasser les lieux communs pour vous armer d’un véritable arsenal de preuves objectives. Nous allons décortiquer, point par point, les éléments techniques et historiques qui permettent de trancher avec une quasi-certitude. De la chimie des couleurs à l’analyse forensique sous UV, en passant par le décryptage des signatures et des techniques verrières, vous apprendrez à construire un faisceau d’indices irréfutable pour sécuriser vos acquisitions et enrichir votre collection en toute connaissance de cause.
Pour vous guider dans cette démarche d’expert, nous avons structuré ce guide autour des questions cruciales que tout collectionneur devrait se poser. Chaque section vous apportera une réponse précise et des outils concrets pour affûter votre regard et vos connaissances.
Sommaire : Distinguer une faïence Rouen authentique d’une copie Desvres
- Pourquoi le décor de petit feu permet-il une palette de couleurs plus riche (rose, or) ?
- Comment utiliser une lampe UV pour détecter les repeints sur une assiette apparemment parfaite ?
- Pourquoi les assiettes portant des noms ou des slogans révolutionnaires surcotent-elles ?
- Le risque de tensions et d’éclats causés par les systèmes d’accrochage à ressorts
- Quelle manufacture privilégier pour débuter une collection représentative du savoir-faire français ?
- Comment la signature du fabricant en bas de plaque confirme l’authenticité et la date ?
- Gallé ou Daum : quelles différences techniques justifient les écarts de prix de l’Art Nouveau ?
- Comment reconnaître un cristal Baccarat non signé d’avant 1936 grâce au catalogue ?
Pourquoi le décor de petit feu permet-il une palette de couleurs plus riche (rose, or) ?
La distinction entre une pièce du XVIIIe et une du XXe siècle commence souvent par un indice chimique fondamental : la richesse de la palette de couleurs. Le secret réside dans la technique de cuisson. La méthode traditionnelle, dite de « grand feu », impliquait une unique cuisson à très haute température (environ 900-1000°C) après l’application des couleurs sur l’émail cru. Seuls quelques oxydes métalliques robustes, comme le cobalt (bleu) ou l’antimoine (jaune), pouvaient supporter une telle chaleur. Cette contrainte technique explique la palette relativement limitée des faïences les plus anciennes.
L’introduction du « petit feu » a constitué une révolution. Cette technique consiste en une troisième cuisson, à une température située entre 600 et 700°C, sur un décor déjà émaillé et cuit. Cette chaleur modérée a permis d’utiliser des pigments beaucoup plus délicats et jusqu’alors impossibles à fixer. C’est ainsi que sont apparus le fameux rose pourpre de Cassius (à base de chlorure d’or) et les rehauts d’or véritable, qui nécessitent une température encore plus basse. Un décor présentant ces couleurs est donc nécessairement postérieur à l’adoption de cette technique.
L’historique de cette innovation est un marqueur chronologique précieux pour le collectionneur. Comme le confirme l’analyse de l’histoire de la céramique, c’est grâce à l’innovation technique du petit feu à Strasbourg dès 1749 que ces nouvelles teintes nuancées ont pu voir le jour, avant d’être adoptées par la plupart des grandes manufactures françaises. Ainsi, la présence de rose, d’or, ou de verts tendres et délicats sur une faïence de style rouennais est un indice fort, non pas d’une copie, mais d’une production de la seconde moitié du XVIIIe siècle, une période d’apogée technique. À l’inverse, des couleurs vives mais sans la subtilité de ces pigments peuvent trahir une production plus tardive et industrielle.
Comment utiliser une lampe UV pour détecter les repeints sur une assiette apparemment parfaite ?
Une assiette en parfait état de conservation est souvent suspecte, surtout pour une pièce de plus de deux siècles. L’œil nu peut être trompé par une restauration habile, mais la lumière ultraviolette (UV), souvent appelée « lumière noire », est un outil redoutable et peu coûteux qui agit comme un révélateur. Elle permet de mener un véritable diagnostic forensique de la surface de la céramique en faisant réagir différemment les matériaux selon leur nature chimique et leur âge.
Le principe est simple : les matériaux anciens et modernes n’ont pas la même fluorescence. Les vernis, colles et pigments utilisés pour les restaurations au XXe ou XXIe siècle contiennent des agents qui réagissent fortement sous UV. Une restauration moderne à base de vernis acrylique apparaîtra avec une fluorescence laiteuse et intense, tandis qu’une restauration plus ancienne utilisant de la gomme-laque se manifestera par une fluorescence jaunâtre. À l’inverse, l’émail stannifère d’origine du XVIIIe siècle présente une fluorescence très faible, sombre et uniforme, presque violacée. Les repeints à l’huile, souvent utilisés par des amateurs, apparaîtront comme des zones sombres qui absorbent la lumière sans la réfléchir.
L’utilisation d’une lampe UV est une étape non négociable avant tout achat important. Dans une pièce assombrie, balayez la surface de l’objet avec la lampe. Toute rupture dans l’uniformité de la fluorescence doit attirer votre attention. Un éclat recollé, une fêlure masquée ou un décor entièrement repeint seront immédiatement trahis. Ce tableau résume les réactions à observer pour interpréter correctement ce que vous voyez.
| Type de matériau | Réaction UV | Indication |
|---|---|---|
| Émail d’origine XVIIIe | Fluorescence faible uniforme | Authenticité |
| Vernis acrylique moderne | Fluorescence laiteuse intense | Restauration récente |
| Gomme-laque ancienne | Fluorescence jaunâtre | Restauration ancienne |
| Repeints à l’huile | Zones sombres non fluorescentes | Intervention non professionnelle |
Pourquoi les assiettes portant des noms ou des slogans révolutionnaires surcotent-elles ?
La valeur d’une faïence n’est pas uniquement liée à sa qualité d’exécution ou à sa rareté, mais aussi à sa capacité à témoigner d’un moment historique précis. Les faïences dites « parlantes » de la période révolutionnaire en sont l’exemple le plus frappant. Elles transcendent leur statut d’objet utilitaire pour devenir des documents historiques, des instantanés de la ferveur politique et sociale de la fin du XVIIIe siècle. Comme le souligne un article de référence, « sous la révolution française, des milliers d’assiettes accompagnent au jour le jour les évènements politiques », les illustrant de symboles forts.
Sous la révolution française, des milliers d’assiettes accompagnent au jour le jour les évènements politiques en les illustrant de bonnets phrygiens, de coqs, de canons ou de drapeaux.
– Article Histoire de la céramique, Wikipédia
Ces pièces, produites principalement à Nevers, mais aussi dans d’autres centres, arborent des slogans patriotiques (« Vive la Nation »), des scènes allégoriques (la prise de la Bastille) ou des symboles comme le bonnet phrygien ou l’autel de la patrie. Chaque assiette est une prise de parole, un acte de propagande ou un mémorial. C’est cette charge historique et émotionnelle qui explique leur surcote sur le marché. Elles sont recherchées non seulement par les amateurs de céramique, mais aussi par les collectionneurs d’objets historiques et les institutions muséales.

La rareté de certains décors ou slogans, combinée à cette forte demande, fait grimper les prix de manière spectaculaire. Une simple assiette peut atteindre plusieurs milliers d’euros si son sujet est particulièrement rare ou symbolique. Le record de vente pour une pièce de cette période illustre parfaitement ce phénomène : la maison Piasa a notamment vendu une bannette décorée à l’ocre niellé pour 64 000 €, un prix justifié par sa rareté et sa signification historique. Cette valeur spéculative rend l’authentification d’autant plus cruciale, car les copies de ces pièces recherchées sont, sans surprise, nombreuses.
Le risque de tensions et d’éclats causés par les systèmes d’accrochage à ressorts
Une fois la pièce authentifiée et acquise, la question de sa conservation et de sa présentation devient primordiale. L’une des erreurs les plus courantes et les plus dommageables commises par les collectionneurs est l’utilisation de systèmes d’accrochage muraux à ressorts, souvent appelés « griffes ». Bien que pratiques et peu coûteux, ces dispositifs sont de véritables pièges pour les faïences anciennes. Ils exercent une pression continue et concentrée sur quatre points du bord de l’assiette, une zone particulièrement fragile.
Le danger est insidieux. Cette tension constante crée des micro-fissures dans l’émail et la pâte, invisibles à l’œil nu. Au fil des années, sous l’effet des variations de température et d’humidité, ces fissures s’agrandissent jusqu’à provoquer une casse brutale et souvent irréparable. Le témoignage d’un professionnel du patrimoine est sans appel à ce sujet.
Les systèmes d’accrochage à ressorts exercent une pression constante sur les bords de l’assiette, créant des micro-fissures invisibles qui peuvent aboutir à une casse brutale après plusieurs années. Au musée, nous privilégions exclusivement les supports sur mesure qui répartissent le poids uniformément.
– Témoignage d’un conservateur de musée, Universalis
Protéger sa collection implique donc de bannir absolument ces systèmes et d’opter pour des solutions professionnelles qui respectent l’intégrité de l’objet. La présentation ne doit jamais se faire au détriment de la conservation. Heureusement, il existe de nombreuses alternatives sûres et esthétiques pour mettre en valeur vos pièces sans les mettre en péril. Voici une liste des options à privilégier pour assurer la pérennité de vos trésors.
Plan d’action pour préserver vos faïences : les alternatives aux accroches à ressorts
- Supports adhésifs invisibles : Recherchez des systèmes de type « The Disc Plate Hanger », qui se collent au dos et répartissent la charge sur une grande surface.
- Chevalets de présentation : Pour les pièces les plus précieuses ou fragiles, privilégiez une présentation sur une étagère ou dans un meuble à l’aide d’un chevalet stable.
- Étagères dédiées : Installez des étagères murales fines avec un petit rebord de sécurité pour exposer vos assiettes à la verticale sans tension mécanique.
- Vitrines sécurisées : Pour une collection de grande valeur, la vitrine fermée reste la solution idéale, protégeant à la fois de la poussière, des chocs et des variations hygrométriques.
- Montages sur mesure : Pour une pièce exceptionnelle, consultez un encadreur professionnel qui pourra créer un support sur mesure, parfaitement adapté à sa forme et à son poids.
Quelle manufacture privilégier pour débuter une collection représentative du savoir-faire français ?
Se lancer dans une collection de faïences françaises peut sembler intimidant face à la diversité des productions. Pour un débutant, il est judicieux de ne pas se disperser et de choisir une ou deux manufactures comme fil conducteur. Ce choix dépendra à la fois de votre budget, de vos affinités esthétiques et de votre objectif : constituer un ensemble représentatif d’une époque, d’une région ou d’un style.
Le dilemme initial est souvent celui posé par notre titre : Rouen ou Desvres ? Rouen représente l’apogée de la faïence française du XVIIIe siècle, avec ses décors rayonnants et ses lambrequins sophistiqués. C’est un choix prestigieux, mais qui demande un budget conséquent, même pour une pièce modeste. Desvres, quant à elle, offre une porte d’entrée beaucoup plus accessible. Ses productions du XXe siècle, bien que souvent des copies de styles anciens, témoignent d’un savoir-faire régional authentique et permettent de se familiariser avec les formes et les décors à moindre coût. D’autres manufactures offrent d’excellents points de départ, chacune avec sa spécialité.
| Manufacture | Région | Budget entrée | Spécialité |
|---|---|---|---|
| Rouen XVIIIe | Normandie | 500-3000€ | Décors rayonnants, lambrequins |
| Desvres XXe | Hauts-de-France | 50-300€ | Faïences patronymiques |
| Moustiers | PACA | 200-1500€ | Décors grotesques |
| Lunéville | Grand Est | 100-800€ | Faïence fine |
| Nevers | Bourgogne | 150-1000€ | Décors révolutionnaires |
Au-delà du choix d’une manufacture, une stratégie pertinente consiste à se concentrer sur un thème. Cette approche permet de construire un ensemble cohérent et personnel, qui prendra de la valeur en tant que collection. L’exemple suivant illustre parfaitement le succès d’une telle démarche.
Étude de cas : La stratégie d’une collection thématique
Un collectionneur parisien a constitué en 10 ans une remarquable collection de faïences ‘parlantes’ en se concentrant uniquement sur les assiettes à proverbes et maximes du XIXe siècle. En chinant régulièrement à Drouot et dans les brocantes de l’Est parisien, il a réuni 150 pièces pour un budget moyen de 80€ par assiette, créant un ensemble cohérent aujourd’hui estimé à plus de 25 000€.
Comment la signature du fabricant en bas de plaque confirme l’authenticité et la date ?
La signature est souvent le premier élément que regarde un collectionneur. Cependant, c’est aussi l’un des plus trompeurs. Les copistes du XXe siècle, notamment à Desvres, ont abondamment imité les marques de Rouen. La clé n’est pas de trouver une signature, mais de savoir lire les détails qui trahissent une production moderne. Plusieurs indices anachroniques permettent de distinguer une véritable marque du XVIIIe siècle d’une copie.
Le plus flagrant est la mention « France ». Imposée par une loi douanière de 1891 pour les produits d’exportation, sa présence au dos d’une pièce de style XVIIIe siècle est une preuve irréfutable d’une fabrication postérieure à cette date. Une faïence de Rouen authentique du XVIIIe ne portera jamais cette mention. D’autres détails sont également révélateurs : la graphie d’une signature ancienne est souvent spontanée, avec des pleins et des déliés dus au pinceau, tandis qu’une copie moderne peut avoir une régularité plus mécanique. La couleur du pigment (brun-rouge pour Rouen) et la présence de marques en creux laissées par les tourneurs sont d’autres indices précieux.

Le tableau suivant synthétise les points de comparaison essentiels à vérifier pour ne pas tomber dans le piège d’une signature imitative. C’est votre checklist ultime pour l’analyse des marques.
| Critère | Rouen XVIIIe authentique | Copie Desvres XXe |
|---|---|---|
| Graphie du ‘R’ | Tracé spontané, pleins et déliés | Régularité mécanique |
| Mention ‘France’ | Absente (avant 1891) | Présente (obligation douanière) |
| Couleur du pigment | Brun-rouge caractéristique | Noir ou bleu uniforme |
| Marques en creux | Présentes (marques de mouleurs) | Rares ou absentes |
| Aspect général | Irrégularités naturelles | Perfection suspecte |
Les lettres ou monogrammes apparaissant au dos de la faïence de Rouen est très difficile à rapporter aux fabricants ou aux artistes. Pratiquement toutes les lettres de l’alphabet (parfois 2 ou 3) sont présentes.
– Article spécialisé, Meubliz.com
Gallé ou Daum : quelles différences techniques justifient les écarts de prix de l’Art Nouveau ?
L’expertise acquise dans la faïence est transférable à d’autres arts du feu, comme la verrerie de l’Art Nouveau. Ici aussi, la valeur d’une pièce n’est pas seulement esthétique mais dépend crucialement de la complexité technique mise en œuvre. Gallé et Daum, les deux maîtres de l’École de Nancy, ont tous deux utilisé des techniques de gravure à l’acide sur des verreries multicouches. Cependant, des innovations spécifiques et plus rares créent une véritable hiérarchie de valeur.
La technique la plus recherchée et la plus précieuse est la marqueterie de verre, une innovation brevetée par Émile Gallé. Elle consiste à incruster à chaud des fragments de verre coloré dans la surface de la pièce, créant des effets de matière et de couleur d’une complexité inégalée. Une pièce présentant cette technique sera toujours plus valorisée qu’un vase, même signé Gallé, produit en plus grande série par simple dégagement à l’acide. Chez Daum, les pièces les plus cotées sont souvent les « verreries parlantes », où des vers de poètes symbolistes sont gravés et intégrés au décor, ajoutant une dimension littéraire à l’objet.
La signature elle-même est un facteur de prix déterminant. Pour Gallé, une signature simple indique une production de son vivant. Une signature suivie d’une étoile (*) signifie qu’il s’agit d’une production posthume, réalisée par sa veuve après 1904. Bien que de grande qualité, ces pièces subissent une décote de -40% à -60% par rapport aux œuvres produites du vivant de l’artiste. Connaître cette hiérarchie des techniques et des signatures est donc indispensable pour investir judicieusement dans la verrerie Art Nouveau.
À retenir
- La mention « France » sur une faïence de style ancien est un indicateur quasi certain d’une production post-1891.
- La richesse de la palette (rose, or) est un marqueur de la technique du « petit feu », apparue au milieu du XVIIIe siècle.
- Une lampe UV est l’outil le plus rentable pour un collectionneur, révélant les restaurations invisibles à l’œil nu.
Comment reconnaître un cristal Baccarat non signé d’avant 1936 grâce au catalogue ?
Un autre défi pour le collectionneur concerne les productions anciennes non marquées. Jusqu’en 1936, la cristallerie Baccarat ne signait pas systématiquement ses pièces. Elle se contentait d’apposer une étiquette en papier qui, dans la quasi-totalité des cas, a disparu avec le temps et les lavages. Se retrouver face à un service en cristal de grande qualité, non signé mais potentiellement Baccarat, est une situation fréquente. Comment alors l’authentifier avec certitude ?
La réponse se trouve dans une démarche rigoureuse d’expertise : la confrontation avec les catalogues de la manufacture. Baccarat a, depuis le XIXe siècle, documenté méticuleusement ses modèles dans des catalogues de vente illustrés de planches techniques très précises. L’authentification repose alors sur un travail de comparaison minutieux entre la pièce que l’on possède et les modèles répertoriés. Il ne s’agit pas d’une vague ressemblance, mais d’une correspondance exacte des critères.
Cette méthode d’attribution, digne d’un expert, est illustrée par le cas pratique suivant, où chaque détail compte pour aboutir à une certification et une valorisation.
Méthodologie d’identification par catalogue
Un expert de la Compagnie des Experts en Antiquités (CEA) a authentifié un service Baccarat de modèle « Empire » non signé. Pour ce faire, il a confronté les mesures précises des verres (diamètre au buvant : 8,2 cm ; hauteur : 15,5 cm) avec les planches du catalogue de 1841. La correspondance parfaite du motif de taille, dit « pointes de diamant », et des dimensions a permis de confirmer sans équivoque l’attribution à Baccarat et de valoriser le service à 12 000€.
Cette démarche prouve que l’absence de signature n’est pas une fatalité. Elle exige de la rigueur et un accès à la documentation, mais elle permet de redécouvrir et de valoriser des trésors anonymes. L’expertise ne s’arrête pas à la signature, elle commence lorsque celle-ci est absente.
Pour mettre ces conseils en pratique et évaluer vos propres pièces, commencez par l’examen le plus simple et le plus révélateur : l’analyse à la lampe UV. C’est l’étape qui vous apportera le plus d’informations pour un investissement minime.
Questions fréquentes sur l’authentification des céramiques et verreries
À quelle distance tenir la lampe UV de la pièce ?
Il est conseillé de tenir la lampe à une distance de 10 à 20 cm de la surface. Cela permet une observation optimale des réactions de fluorescence sans risquer d’endommager les pigments anciens, qui peuvent être sensibles à une exposition trop proche ou prolongée.
Faut-il être dans l’obscurité complète pour utiliser une lampe UV ?
Une pénombre est généralement suffisante et même préférable. L’obscurité totale peut parfois masquer des détails de surface importants comme de fines craquelures ou des reliefs. L’objectif est d’avoir assez d’obscurité pour que la fluorescence soit bien visible, tout en conservant une perception globale de l’objet.
Combien de temps exposer la pièce aux UV ?
Quelques secondes suffisent amplement pour observer les réactions. Une exposition prolongée n’apporte pas plus d’informations et pourrait, dans de rares cas, altérer certains pigments organiques très sensibles. L’examen doit être rapide et efficace.
Où consulter les catalogues Baccarat anciens en France ?
La ressource la plus complète se trouve à Paris. La Bibliothèque Forney, spécialisée dans les arts décoratifs et les métiers d’art, conserve une collection quasi exhaustive des catalogues de la manufacture Baccarat depuis ses origines en 1764.
Peut-on obtenir des copies des planches techniques des catalogues Baccarat ?
Oui, il est possible de faire une demande auprès des archives de la cristallerie Baccarat elle-même. Elles peuvent fournir des reproductions de planches spécifiques pour un usage d’expertise, moyennant des frais (environ 50€ par planche).
Existe-t-il une base de données en ligne des catalogues Baccarat ?
Le Musée Baccarat propose une consultation numérique d’une partie de ses archives, mais celle-ci est généralement réservée aux abonnés. L’abonnement annuel, d’un coût d’environ 120€, donne accès à cette précieuse base de données pour les chercheurs et experts.